Dimanches à Colibita
Quoique peu impressionnants par leur hauteur ou par leur majesté, les Monts Bargaului ont gardé une sauvagerie qui n’est à retrouver que dans les Carpates Orientales. Ces montagnes du nord de la Roumanie sont extrêmement vivants. Les forêts épaisses, l’air très pur et les eaux limpides suppléent à ce qui leur fait défaut, à savoir les cimes audacieuses que l’on associe involontairement aux montagnes. Nous vous invitons à monter à nos côtés vers le lac de Colibita, au pied du Mont Caliman. Nous quitterons la gare de Bistrita dans une 4X4. Après la dernière petite scierie, un panneau nous annonce que la route est désormais fermée à la circulation publique. Il ne nous reste donc qu’à emprunter ce chemin forrestier sur notre propre responsabilité. En effet, il ne faut surtout pas se laisser intimider par cette annonce car le chemin, que parcourent des poids-lourds chargés de bois, est asphalté jusqu’en haut, à 900 mètres. Les virages "en épingle à cheveux" et les rochers abrupts rendent le voyage de quelques minutes un peu plus spectaculaire que les kilomètres de ligne droite auxquels vous êtes peut-être habitués.
Une fois arrivés là-haut, la première image qui retiendra votre regard sera celle du lac de retenue - un miroir d’eau qui couvre l’ancien centre du village de Colibita. Vous découvrirez ensuite les collines et les nuages - blancs et cotonneux - qui ne quittent jamais le ciel de Colibita. Avant le fauchage de l’herbe, les collines sont parsemées de marguerites et de fleurs sauvages. Des papillons blancs vous accompagnent dans vos balades et une mer en miniature s’étend à vos pieds. Silencieuse et vivante, l’eau grouille de vie, une vie qui s’écoule à son propre rythme. Lors de la construction du barrage sur la rivière de Bistrita, la vallée de Colibita a été inondée, des vergers et des forêts ont été immergés. Les villageois ont déménagé sur les collines avoisinantes. Beaucoup d’arbres, surtout des sapins, sont restés pourtant debout. Quand le niveau du lac baisse, leurs cimes sortent de l’eau. Le vert des sapins n’a pas encore pali, comme par merveille. Seules les feuilles des arbres ont acquis une couleur jaune-roussâtre. Des libellules géantes aux corps bleus et aux ailes transparentes volent à travers les branches de l’ancienne forêt. De temps en temps, une truite fait surface et disparaît rapidement, laissant des cercles infinis sur le miroir de l’eau.
Colibita est un endroit où il suffit d’arriver une fois pour être sûr d’y revenir. Les habitants du village se sont accoutumés d’ailleurs aux visiteurs, qui viennent parfois de Bucarest ou de Cluj, parcourant des centaines de kilomètres pour gagner la Vallée paisible de Colibita. Mais arrêtons-nous sur un cas concret: Sanda Câmpean, originaire de Cluj, est venue prendre un bain dans le lac. Elle avait entendu parler des sapins submergés et du silence… Mais écoutons-la raconter pourquoi elle a renoncé à la civilisation industrielle pour le vert de Colibita.
"Cet endroit a quelque chose de spécial. La zone est très belle - c’est une ouverture large, comme une cuvette. Même si nous sommes ici à une altitude de 900 mètres seulement, l’atmosphère est riche en ozone. C’est peut-être pour ça que l’endroit calme l’esprit, il fait que l’on s’y sent bien, on n’a plus mal à la tête, on oublie tous les soucis, tous les problèmes. Nous avons acheté ici un lopin de terre et quand on a un peu de terre quelque part, on se sent lié à cet endroit-là. Nous avons commencé à bâtir une petite maison, nous voulions en faire une maison de vacances mais, finalement, elle s’est avérée beaucoup trop grande pour nous. Les ouvriers qui y travaillaient m’ont dit "Madame, on peut rendre plus petit ce que l’on fait grand mais il est plus difficile d’aggrandir ce qui est petit.", donc, je les ai laissé faire. Un soir, plusieurs familles étaient à la recherche d’un hébergement et comme elles n’en trouvaient pas, je les ai abritées chez moi - au moins pour une nuit, disaient-ils, mais après, ils n’ont plus voulu quitter - ils sont restés 10 jours."
Ainsi commence la petite histoire de la Maison Raluca. C’est une des nombreuses villas qui ont été élevées à Colibita. La maison Raluca est une belle villa au bord du lac, avec une grande cour empierrée, un terrain de basquet et une énorme balançoire. L’hébergement et la pension complète pour une personne y coûtent seulement 25 dollars par jour. Quand il s’agit de raconter, on ne sait pas par quoi commencer. Par le ponton ou par le panorama superbe qui s’étale chaque matin sous vos yeux? Par les cannes à pêche alignées près du mur de la maison ou par la barque qui vous attend au bord du lac, à côté d’un surf tout neuf? Comme un peu partou, l’endroit est valorisé par la présence humaine. Le sourire de Sanda Câmpean ramène tout de suite à l’esprit les après-midis tranquilles aux cafés et aux confitures de framboises, aux bains dans le lac qui fait miroiter ses eaux claires. Sans être munie de diplômes en tourisme, Sanda est une hôtesse parfaite qui traite les touristes comme des amis invités au dîner. "Je n’ai jamais rêvé de transformer ma maison en minipension mais je suis vraiment heureuse maintenant de l’avoir fait car je vois que les gens qui viennent chez nous se sentent bien et oublient tous leurs problèmes - personne ne fait de la politique, personne ne regarde la télé, on fait des randonnées, on se baigne, on fait de la plage, c’est quelque chose de tout à fait spécial. La maison est restée et restera toujours une maison - ni bar ni restaurant, mais les gens y trouvent tout ce dont ils ont besoin - c’est une ambiance de dimanche, c’est comme si l’on avait des invités au déjeuner, le dimanche, et on se consulte sur les plats à préparer. Nous avons un endroit spécialement aménagé pour cuisiner en plein air, j’ai essayé de garder des conditions rustiques parce que les gens ont marre des restaurants, de l’atmosphère des villes, ils souhaitent trouver ici quelque chose de différent."
Pour ceux qui ne raffolent pas de la pêche mais aiment la chasse, une bonne nouvelle: 32 tannières d’ours sont à repérer dans les environs du lac. Des parties de chasse sont organisées et, pendant certaines périodes de l’année, on peut même chasser des sangliers, des cerfs et des coqs de bruyère. Le motel Dracula, dans les gorges de Tihuta, n’est pas loin de Colibita et les sources d’eau minérale de Dorna sont à quelques kilomètres. Pour ce qui est des monastères de Moldavie, ils sont tout près, il suffit de traverser la montagne. Nous pensons pourtant qu’une fois arrivés à Colibita, vous ne voudrez pas vous en éloigner trop, de sorte que vous vous rendiez seulement au petit lac caché parmi les sapins qu’on appelle le Lac des Fées et où l’on dit que les Fées se rassemblent pour se baigner. La Vallée de Colibita est assez belle pour ne plus vouloir la quitter. Et si nous n’avons pas encore réussi à vous convaincre, laissons cette tâche à notre charmante hôtesse, Sanda Câmpean:
"Ne perdez pas l’occasion de venir ici, cette vallée mérite d’être connue parce qu’elle est superbe. Tout le monde dit "je ne peux pas, je n’ai pas de temps, je suis fatigué, stressé" - mais tout dépend de nous, si nous voulons et si nous pouvons le faire, ce chemin vaut la peine d’être fait."
Une fois arrivés là-haut, la première image qui retiendra votre regard sera celle du lac de retenue - un miroir d’eau qui couvre l’ancien centre du village de Colibita. Vous découvrirez ensuite les collines et les nuages - blancs et cotonneux - qui ne quittent jamais le ciel de Colibita. Avant le fauchage de l’herbe, les collines sont parsemées de marguerites et de fleurs sauvages. Des papillons blancs vous accompagnent dans vos balades et une mer en miniature s’étend à vos pieds. Silencieuse et vivante, l’eau grouille de vie, une vie qui s’écoule à son propre rythme. Lors de la construction du barrage sur la rivière de Bistrita, la vallée de Colibita a été inondée, des vergers et des forêts ont été immergés. Les villageois ont déménagé sur les collines avoisinantes. Beaucoup d’arbres, surtout des sapins, sont restés pourtant debout. Quand le niveau du lac baisse, leurs cimes sortent de l’eau. Le vert des sapins n’a pas encore pali, comme par merveille. Seules les feuilles des arbres ont acquis une couleur jaune-roussâtre. Des libellules géantes aux corps bleus et aux ailes transparentes volent à travers les branches de l’ancienne forêt. De temps en temps, une truite fait surface et disparaît rapidement, laissant des cercles infinis sur le miroir de l’eau.
Colibita est un endroit où il suffit d’arriver une fois pour être sûr d’y revenir. Les habitants du village se sont accoutumés d’ailleurs aux visiteurs, qui viennent parfois de Bucarest ou de Cluj, parcourant des centaines de kilomètres pour gagner la Vallée paisible de Colibita. Mais arrêtons-nous sur un cas concret: Sanda Câmpean, originaire de Cluj, est venue prendre un bain dans le lac. Elle avait entendu parler des sapins submergés et du silence… Mais écoutons-la raconter pourquoi elle a renoncé à la civilisation industrielle pour le vert de Colibita.
"Cet endroit a quelque chose de spécial. La zone est très belle - c’est une ouverture large, comme une cuvette. Même si nous sommes ici à une altitude de 900 mètres seulement, l’atmosphère est riche en ozone. C’est peut-être pour ça que l’endroit calme l’esprit, il fait que l’on s’y sent bien, on n’a plus mal à la tête, on oublie tous les soucis, tous les problèmes. Nous avons acheté ici un lopin de terre et quand on a un peu de terre quelque part, on se sent lié à cet endroit-là. Nous avons commencé à bâtir une petite maison, nous voulions en faire une maison de vacances mais, finalement, elle s’est avérée beaucoup trop grande pour nous. Les ouvriers qui y travaillaient m’ont dit "Madame, on peut rendre plus petit ce que l’on fait grand mais il est plus difficile d’aggrandir ce qui est petit.", donc, je les ai laissé faire. Un soir, plusieurs familles étaient à la recherche d’un hébergement et comme elles n’en trouvaient pas, je les ai abritées chez moi - au moins pour une nuit, disaient-ils, mais après, ils n’ont plus voulu quitter - ils sont restés 10 jours."
Ainsi commence la petite histoire de la Maison Raluca. C’est une des nombreuses villas qui ont été élevées à Colibita. La maison Raluca est une belle villa au bord du lac, avec une grande cour empierrée, un terrain de basquet et une énorme balançoire. L’hébergement et la pension complète pour une personne y coûtent seulement 25 dollars par jour. Quand il s’agit de raconter, on ne sait pas par quoi commencer. Par le ponton ou par le panorama superbe qui s’étale chaque matin sous vos yeux? Par les cannes à pêche alignées près du mur de la maison ou par la barque qui vous attend au bord du lac, à côté d’un surf tout neuf? Comme un peu partou, l’endroit est valorisé par la présence humaine. Le sourire de Sanda Câmpean ramène tout de suite à l’esprit les après-midis tranquilles aux cafés et aux confitures de framboises, aux bains dans le lac qui fait miroiter ses eaux claires. Sans être munie de diplômes en tourisme, Sanda est une hôtesse parfaite qui traite les touristes comme des amis invités au dîner. "Je n’ai jamais rêvé de transformer ma maison en minipension mais je suis vraiment heureuse maintenant de l’avoir fait car je vois que les gens qui viennent chez nous se sentent bien et oublient tous leurs problèmes - personne ne fait de la politique, personne ne regarde la télé, on fait des randonnées, on se baigne, on fait de la plage, c’est quelque chose de tout à fait spécial. La maison est restée et restera toujours une maison - ni bar ni restaurant, mais les gens y trouvent tout ce dont ils ont besoin - c’est une ambiance de dimanche, c’est comme si l’on avait des invités au déjeuner, le dimanche, et on se consulte sur les plats à préparer. Nous avons un endroit spécialement aménagé pour cuisiner en plein air, j’ai essayé de garder des conditions rustiques parce que les gens ont marre des restaurants, de l’atmosphère des villes, ils souhaitent trouver ici quelque chose de différent."
Pour ceux qui ne raffolent pas de la pêche mais aiment la chasse, une bonne nouvelle: 32 tannières d’ours sont à repérer dans les environs du lac. Des parties de chasse sont organisées et, pendant certaines périodes de l’année, on peut même chasser des sangliers, des cerfs et des coqs de bruyère. Le motel Dracula, dans les gorges de Tihuta, n’est pas loin de Colibita et les sources d’eau minérale de Dorna sont à quelques kilomètres. Pour ce qui est des monastères de Moldavie, ils sont tout près, il suffit de traverser la montagne. Nous pensons pourtant qu’une fois arrivés à Colibita, vous ne voudrez pas vous en éloigner trop, de sorte que vous vous rendiez seulement au petit lac caché parmi les sapins qu’on appelle le Lac des Fées et où l’on dit que les Fées se rassemblent pour se baigner. La Vallée de Colibita est assez belle pour ne plus vouloir la quitter. Et si nous n’avons pas encore réussi à vous convaincre, laissons cette tâche à notre charmante hôtesse, Sanda Câmpean:
"Ne perdez pas l’occasion de venir ici, cette vallée mérite d’être connue parce qu’elle est superbe. Tout le monde dit "je ne peux pas, je n’ai pas de temps, je suis fatigué, stressé" - mais tout dépend de nous, si nous voulons et si nous pouvons le faire, ce chemin vaut la peine d’être fait."
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