Movie
Vous écoutez Radio Roumanie Internationale. Nous vous invitons aujourd’hui chers téléspectateurs ...stop. Nous sommes à la radio. Chers auditeurs, nous vous présentons aujourd’hui la version radiophonique d’un film muet. Il ne s’agit pas d’un film en blanc et noir mais en couleur sépia. Comme du temps de nos grands-mères. Action:
Le premier cadre: nous sommes dans le quartier de l’Ancienne Cour de Bucarest, où, il y a 4 siècles on faisait oindre les princes et on anoblissait les boyards. Les rues des environs du Palais Royal fourmillaient de personnes. On y vendait des volières, des souricières, des fourrures et des chapeaux de femmes. Un peu plus haut, le siège du quotidien “Timpul”, où avait écrit à un moment donné le poète Mihai Eminescu. Au début des années 1900, toujours dans le même quartier de Bucarest, les chariots des boyards s’entrecroisaient avec les autos des jeunes dandies. On y brassait des affaires entre une tasse de café à l’auberge de Manuc et une tranche de viande fumée et salée à la Grotte Zarafi.
De petits enfants en culottes courtes criant à tue-tête les éditions spéciales des journaux, ça et là un paysan à palanche, égaré dans la foule et hébété par le bruit.
Tout cela prit fin un beau jour lorsqu’un silence coupable enveloppa, apparemment pour toujours, le quartier de l’Ancienne Court.
Le cadre numéro 2:
Il fait un beau jour de novembre au début du 3e millénaire. La rue Covaci et d’autres encore autour de la Cour Ancienne peuvent être considérées sans se tromper les rues aux antiquités: Ici sont renfermées les vies des derniers dandies de Bucarest.
Pêle- mêle dans des espaces hauts et étendus, des bougeoirs, des plateaux, du mobilier, des appareils photos- tous ces objets ont occupé une fois une place d’honneur dans la maison d’un riche homme.Les fenêtres éclairées nous permettent de les admirer de l’extérieur. À une seule exception: la boutique de Sasa Constantinescu que nous allons visiter ensemble:
Sasa Constantinescu est licenciée en philologie. Sans qu’elle s’y connaisse en collections, antiquités et tableaux, Sasa a accepté le défi d’un ami: celui d’ouvrir un magasin d’antiquités.
Et peu à peu, en tentant avec une tasse de café les collectionneurs d’art qui n’achètent pas mais qui recherchent à tout prix les objets d’art, elle a appris à les connaître et à les aimer. Ainsi se fait-il qu’un ancien magasin de pièces auto est devenu une gallerie d’art - l’endroit où le temps est mesuré par le tic-tac de l’horologe et par le tintement des cuillères en argent dans les verres en cristal. Des ombrelles, des évantails de plumes, des rangées de perles, des fichûs beaucoup plus chers qu’autrefois, des dentelles très fines, des plumes, des boîtes musicales. Tous avec leur histoire que Sasa apprend de ceux qui veulent les vendre:
Banda
Ce sont des gens très âgées et besogneux. Personne ne se sépare de bon gré de ces
objets. Beaucoup de fois cette gallerie représente un dernier arrêt avant l’hôpital.
Ce sont des gens qui ont vécu toute leur vie dans la gloire, d’ anciennes chanteuses d’opéra, des comédiennes et c’est bien triste de les voir maintenant vendre par exemple leurs robes de scène. Jusqu’il y a quelques mois, une très vieille dame nous visitait de temps en temps . Elle nous apportait des objets qui, de mon point de vue ne valaient pas grand -chose, mais je les achetais sans exception. Chaque fois je l’invitais à déguster une confiture de noix vertes et une verre d’eau qu’elle voulait boire avant tout afin de prendre sa nitroglycérine. Ensuite elle me disait “Je ne vous dérangerais plus une deuxième fois. Elle est venue quand-même pour un temps mais depuis quelques mois je ne l’ai plus vue. Je me fais des soucis. Je me demande ce qui a pu lui arriver. “
Si beaux, si peu utiles et pourtant si précieux.Qui veut les acheter?
Banda
Un objet quitte la gallerie au moment où il rencontre son propriétaire. Ce ne sont pas nécessairement des objets bon marché pour la bourse d’un homme ordinaire.
Ils aiment bien leurs objets, ils les caressent du regard, ils nous demandent quelles réductions on peut leur accorder. N’ayant pas les moyens d’y mettre le prix, ils partent sans rien acheter, puis rentrent pour nous prier de les mettre de côté.
Il y a des objets qui ne sont pas vendus pendant des mois entiers.Nous pensons déjà à les restituer aux propriétaires. Mais voilà qu’ un acheteur possible entre dans la boutique se renseignant sur le prix de l’objet. Pendant que celui-ci considère la marchandise de tous côtés, un autre client aux mêmes intentions passe le seuil de la gallerie et entre en concurrence avec le premier.
Nous avons aussi des clients très riches qui ne sont plus satisfaits par les objets de série et qui cherchent un parfum d’histoire, quelque raffinement. Voilà un autre sujet de dispute. Dans la plupart des cas ce sont de jeunes couples qui commencent à négocier un objet plutôt avec eux-mêmes qu’avec moi. Chaque jour diffère de l’autre. C’est ce que j’aime ici: je ne sais jamais, au moment où j’entre dans la gallerie, comment sera ma journée de travail.”
En dégustant une confiture de noix vertes, le regard fixé sur le vélocipède pendu au plafond , en écoutant une chanson d’autrefois, que murmure le perroquet dans sa cage, on ne peut pas contenir un soupir. Dans la boutique de Sasa les gens tombent amoureux d’ objets sans importance, auxquels ont renoncé une fois, le coeur serré, des prima-donnas et dandies d’autre fois.
Le premier cadre: nous sommes dans le quartier de l’Ancienne Cour de Bucarest, où, il y a 4 siècles on faisait oindre les princes et on anoblissait les boyards. Les rues des environs du Palais Royal fourmillaient de personnes. On y vendait des volières, des souricières, des fourrures et des chapeaux de femmes. Un peu plus haut, le siège du quotidien “Timpul”, où avait écrit à un moment donné le poète Mihai Eminescu. Au début des années 1900, toujours dans le même quartier de Bucarest, les chariots des boyards s’entrecroisaient avec les autos des jeunes dandies. On y brassait des affaires entre une tasse de café à l’auberge de Manuc et une tranche de viande fumée et salée à la Grotte Zarafi.
De petits enfants en culottes courtes criant à tue-tête les éditions spéciales des journaux, ça et là un paysan à palanche, égaré dans la foule et hébété par le bruit.
Tout cela prit fin un beau jour lorsqu’un silence coupable enveloppa, apparemment pour toujours, le quartier de l’Ancienne Court.
Le cadre numéro 2:
Il fait un beau jour de novembre au début du 3e millénaire. La rue Covaci et d’autres encore autour de la Cour Ancienne peuvent être considérées sans se tromper les rues aux antiquités: Ici sont renfermées les vies des derniers dandies de Bucarest.
Pêle- mêle dans des espaces hauts et étendus, des bougeoirs, des plateaux, du mobilier, des appareils photos- tous ces objets ont occupé une fois une place d’honneur dans la maison d’un riche homme.Les fenêtres éclairées nous permettent de les admirer de l’extérieur. À une seule exception: la boutique de Sasa Constantinescu que nous allons visiter ensemble:
Sasa Constantinescu est licenciée en philologie. Sans qu’elle s’y connaisse en collections, antiquités et tableaux, Sasa a accepté le défi d’un ami: celui d’ouvrir un magasin d’antiquités.
Et peu à peu, en tentant avec une tasse de café les collectionneurs d’art qui n’achètent pas mais qui recherchent à tout prix les objets d’art, elle a appris à les connaître et à les aimer. Ainsi se fait-il qu’un ancien magasin de pièces auto est devenu une gallerie d’art - l’endroit où le temps est mesuré par le tic-tac de l’horologe et par le tintement des cuillères en argent dans les verres en cristal. Des ombrelles, des évantails de plumes, des rangées de perles, des fichûs beaucoup plus chers qu’autrefois, des dentelles très fines, des plumes, des boîtes musicales. Tous avec leur histoire que Sasa apprend de ceux qui veulent les vendre:
Banda
Ce sont des gens très âgées et besogneux. Personne ne se sépare de bon gré de ces
objets. Beaucoup de fois cette gallerie représente un dernier arrêt avant l’hôpital.
Ce sont des gens qui ont vécu toute leur vie dans la gloire, d’ anciennes chanteuses d’opéra, des comédiennes et c’est bien triste de les voir maintenant vendre par exemple leurs robes de scène. Jusqu’il y a quelques mois, une très vieille dame nous visitait de temps en temps . Elle nous apportait des objets qui, de mon point de vue ne valaient pas grand -chose, mais je les achetais sans exception. Chaque fois je l’invitais à déguster une confiture de noix vertes et une verre d’eau qu’elle voulait boire avant tout afin de prendre sa nitroglycérine. Ensuite elle me disait “Je ne vous dérangerais plus une deuxième fois. Elle est venue quand-même pour un temps mais depuis quelques mois je ne l’ai plus vue. Je me fais des soucis. Je me demande ce qui a pu lui arriver. “
Si beaux, si peu utiles et pourtant si précieux.Qui veut les acheter?
Banda
Un objet quitte la gallerie au moment où il rencontre son propriétaire. Ce ne sont pas nécessairement des objets bon marché pour la bourse d’un homme ordinaire.
Ils aiment bien leurs objets, ils les caressent du regard, ils nous demandent quelles réductions on peut leur accorder. N’ayant pas les moyens d’y mettre le prix, ils partent sans rien acheter, puis rentrent pour nous prier de les mettre de côté.
Il y a des objets qui ne sont pas vendus pendant des mois entiers.Nous pensons déjà à les restituer aux propriétaires. Mais voilà qu’ un acheteur possible entre dans la boutique se renseignant sur le prix de l’objet. Pendant que celui-ci considère la marchandise de tous côtés, un autre client aux mêmes intentions passe le seuil de la gallerie et entre en concurrence avec le premier.
Nous avons aussi des clients très riches qui ne sont plus satisfaits par les objets de série et qui cherchent un parfum d’histoire, quelque raffinement. Voilà un autre sujet de dispute. Dans la plupart des cas ce sont de jeunes couples qui commencent à négocier un objet plutôt avec eux-mêmes qu’avec moi. Chaque jour diffère de l’autre. C’est ce que j’aime ici: je ne sais jamais, au moment où j’entre dans la gallerie, comment sera ma journée de travail.”
En dégustant une confiture de noix vertes, le regard fixé sur le vélocipède pendu au plafond , en écoutant une chanson d’autrefois, que murmure le perroquet dans sa cage, on ne peut pas contenir un soupir. Dans la boutique de Sasa les gens tombent amoureux d’ objets sans importance, auxquels ont renoncé une fois, le coeur serré, des prima-donnas et dandies d’autre fois.
0 Comments:
Post a Comment
<< Home